jeudi 29 mars 2018

The DICTATOR POPE (Marcantonio Colonna) -50-

Qu’est-ce qu’il y avait derrière ?
 
            Il n’est pas nécessaire de souligner à quel point le licenciement du Grand Maître était disproportionné par rapport à l’affaire : même si Fra Matthew s’était comporté de manière erronée en licenciant Boeselager, sa démission était-elle la sanction appropriée ? Mais en fait, la mesure a une explication facile, voire absurde. Fra Matthew Festing avait les valeurs de son passé militaire britannique, et il était indigné que Boeselager ait refusé de démissionner lorsqu’on le lui a demandé. Un gentleman, selon lui, ferait ce qu’il faut dans un tel cas et partirait sans attendre d’être poussé. Dans les semaines précédant le 24 janvier, il avait dit ouvertement dans le Palais Magistral : « Si le Pape me demandait de démissionner, je le ferais. » Il a dit cela non pas parce qu’il avait la moindre idée que cela pourrait arriver – car à ce moment-là, il imaginait qu’il agissait avec le soutien du Pape – mais en tant que point de conduite personnelle. Mais, comme tout ce qui a été dit dans le Palazzo Malta, sa remarque a été rapidement connue au Vatican ; on l’a dit au Pape, et il a immédiatement vu une victoire facile. Il a donc demandé la démission de Fra Matthew le 24 janvier parce qu’il savait à l’avance qu’il l’obtiendrait.

      Nous devrions aussi considérer les attraits de la victoire : la vengeance pour les événements des années 1950, lorsque le Vatican avait été le plus affecté dans le conflit ; la vengeance pour l’opposition que Bergoglio lui-même avait rencontrée de la part des membres de l’Ordre en Argentine ; la vengeance même pour la guerre des Malouines, lorsqu’un autre dictateur argentin a été méprisé par un leader anglais. Qui pourrait résister à un tel retournement de situation ? On pourrait ajouter (ostensiblement) la victoire d’un pape populiste sur un ordre aristocratique, sauf qu’à cet égard, l’exploit du Pape François n’était pas du tout ce qu’il semblait être. Si nous y regardons de plus près, l’effet réel de son intervention a été de soutenir un coup d’État aristocratique dans l’Ordre de Malte.Cela peut être démontré simplement en énumérant les noms des membres allemands du Conseil de l’Ordre : le Baron Albrecht von Boeselager, le Comte Janos Esterhazy et le Comte Winfried Henckel von Donnersmarck (155), soutenus par le Président de l’Association Allemande, le Prince Erich Lobkowicz, et son frère Johannes, qui a dirigé l’opposition lorsque Boeselager a été démis de ses fonctions. Ce sont eux qui sont maintenant en selle, tandis que l’autre partie de l’Ordre – les membres non nobles du Conseil qui soutenaient le Grand Maître – a plongé dans une éclipse. C’est une image exactement opposée à celle d’un coup du pape contre le privilège qui a été dessiné par certains journalistes.

      Mais l’aspect le plus significatif de l’action du Pape a été de saper le Cardinal Burke, contre lequel le Pape François avait mobilisé la subversion secrète depuis les dubia du mois de décembre précédent. La fonction de Burke en tant que Cardinal Patron de l’Ordre de Malte a été suspendue, tandis que l’Archevêque Becciu a été nommé Délégué spécial pour diriger l’Ordre à la place du Grand Maître, au mépris total de son statut souverain. La signification personnelle du bouleversement était encore plus claire : d’un coup, le départ de Fra Matthew Festing a enlevé l’allié le plus proche du Cardinal Burke dans l’Ordre de Malte et l’a placé sous le contrôle de Boeselager, son ennemi déclaré, qui avait protesté amèrement contre sa nomination comme Patron en 2014.

(155) Ces trois nobles peuvent être examinés dans une triste photographie comique prise clandestinement dans un restaurant romain en janvier 2017, et publiée par le site web satirique Dagospia (http://www.dagospia.com/rubrica-29/cronache/gran-papocchio-all-ordine-malta-gran-cancelliere-boeselager-ha-141049.htm ), dans lequel on les voit contempler avec un manque d’enthousiasme marqué la catastrophe dans laquelle leur résistance avait plongé l’Ordre.

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