samedi 7 avril 2018

The DICTATOR POPE (Marcantonio Colonna) -55-

La police de la pensée unique du libéralisme
 
         La suite obséquieuse de la lignée papale ne se limite pas à quelques crapules de la Curie ; elle est devenue une politique dans les lointains avant-postes de l’Église. On peut citer le sort de certains des 45 signataires d’une lettre adressée le 29 juin 2016 aux cardinaux et patriarches, leur demandant de demander au Pape de corriger une liste de propositions discutables qu’implique l’exhortation Amoris Laetitia. L’un des signataires a été rapidement démis de ses fonctions de directeur des affaires académiques dans une université pontificale, sous la pression de son archevêché. Un autre, Dominicain, s’est vu interdire par son supérieur religieux de parler publiquement de l’exhortation papale ; un troisième a reçu l’ordre d’annuler sa signature, et un cardinal a fait pression sur un quatrième pour qu’il retire son nom (170).

      On peut souligner que les dubia des cardinaux et la lettre qui vient d’être mentionnée ont pris la forme de demandes de clarification et non d’opposition ; on peut les opposer aux rejets ouverts de décisions papales qui ont été rendues sans représailles par les théologiens "progressistes" des temps modernes, par exemple sur l’ordination des femmes. Mais sous le Pape François, c’est devenu un délit de demander des explications. On peut rappeler sa propre condamnation dans Evangelii Gaudium (2013) d’auteurs qui « discréditent ceux qui soulèvent des questions, soulignent constamment les erreurs des autres et sont obsédés par les apparences ». Il y a des gens qui ont le talent de critiquer leurs propres défauts.

      Un signe des temps à Rome est un organisme qui s’appelle l’Osservatorio per l’Attuazione della Riforma della Chiesa di Papa Francesco (Observatoire pour la Mise en œuvre de la Réforme de l’Église du Pape François). Comme Sandro Magister l’a rapporté en novembre 2016, au début de cette année académique, ce club d’enthousiastes a envoyé un courriel au personnel enseignant de l’Institut Pontifical Jean-Paul II pour les Études sur le Mariage et la Famille dans les termes suivants :

      « Comme cela s’est déjà produit dans d’autres institutions pastorales, académiques et culturelles catholiques, notre Observatoire pour la Mise en œuvre de la Réforme de l’Église du Pape François – une initiative de laïcs catholiques pour soutenir le pontificat du Pape François – a commencé dans l’année académique en cours le suivi du contenu des publications de la faculté et des enseignements dispensés à l’Institut Pontifical Jean-Paul II pour les Études sur le Mariage et la Famille afin de clarifier les adaptations ou désaccords possibles concernant le discours prononcé par le Pape François à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle année académique de votre Institut (Salle Clémentine, 28 octobre 2016), dans lequel vous avez été appelés à « soutenir l’ouverture nécessaire de l’intelligence de la foi au service de la sollicitude pastorale du successeur de Pierre. »

      « En particulier, le contenu des ouvrages publiés et les cours donnés seront pris en considération en référence à ce qui est exprimé dans l’Exhortation apostolique "Amoris laetitia", selon l’image « de l’Église qui y est, pas d’une Église pensée à son image et à sa ressemblance », orientant la recherche et l’enseignement non plus vers « un idéal théologique trop abstrait du mariage, presque artificiellement construit, loin de la situation concrète et des possibilités effectives des familles telles qu’elles sont ». (Pape François, discours précité, 28 octobre 2016)

      « Pour ce faire, nous utiliserons la lecture analytique et critique des études publiées par la faculté, des thèses de fin d’études et de doctorat approuvées par l’Institut, du programme des cours, de leurs bibliographies, ainsi que des entretiens avec les étudiants réalisés après les cours, sur la place devant l’Université du Latran.

      « Certains que nous accomplissons une tâche utile pour améliorer le service que vous accomplissez avec dévouement à l’Église et au Saint-Père, nous vous tenons au courant des résultats de notre étude d’observation. » (171)

      La signification de cette « étude observationnelle » est, bien sûr, que l’Institut Jean-Paul II est le corps académique qui a été créé pour préserver l’enseignement de ce pontife sur la famille, pour lequel le pontife actuel ne ressent aucun enthousiasme.

      Comme le souligne Sandro Magister, il existe un précédent pour un tel groupe de zélotes papaux dans le monde catholique : c’est le Sodalitium Pianum qui s’est formé sous le règne de Pie X (1903-1914) pour faire respecter la condamnation du Modernisme par ce pape. Il a agi en surveillant les conférences des professeurs de séminaire et en rapportant aux autorités toutes les déclarations qui semblaient ne pas correspondre à l’orthodoxie, et il a été critiqué depuis lors par les libéraux comme un exemple du règne intellectuel de la terreur introduit par Pie X. En termes généraux, on pourrait penser qu’il est dommage que nos propres jours aient produit un écho de ce qui était considéré jusqu’ici comme le pontificat le plus restrictif des temps modernes mais l’ironie va plus loin. Il est sans doute naturel qu’un régime qui insiste sur l’orthodoxie stricte soit soutenu par des mesures disciplinaires, mais "l’Observatoire" de ce Big Brother moderne a vu le jour sous le règne du pape progressiste et libéral François, élu par les esprits ouverts de Saint-Gall pour balayer l’autoritarisme de Benoît XVI et de Jean-Paul II.

(170) Article dans LifeSiteNews, 29 septembre 2016 : « Quelques-uns des 45 signataires ressentent la colère provoquée par la lettre de demande d’éclaircissement d’Amoris Laetitia. »

(171) Article de Sandro Magister dans L’Espresso du 14 novembre 2016.

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