vendredi 1 juin 2018

Propos hallucinants de François dans "Politique et société" -10-

     « La joie de l’enfant, l’espoir de l’enfant... sans se refermer. Les tristes ont fermé les horizons. Une Église sans ressources. […] Jésus est la porte, et il frappe. Mais il est à l’intérieur, et nous, nous ne le laissons pas sortir. Et c’est pour cela que certains peuvent ressentir de la tristesse. »
(p.230-231)

     « Dominique Wolton : Dans le texte sur la miséricorde, vous parlez de l’« apostolat de l’écoute ».
Pape François : C’est la mutation que l’Église doit faire. […] Quand l’Église devient moraliste... L’Église n’est pas une morale, le christianisme n’est pas une morale. La morale, c’est une conséquence de la rencontre avec Jésus-Christ. Mais s’il n’y a pas de rencontre avec Jésus-Christ, cette morale « chrétienne » ne vaut rien. »
(p.232)

     « Pensez, quand j’étais jeune, le samedi saint, il y avait une cérémonie où on faisait douze lectures en latin. C’était interminable. Ennuyeux comme un jour sans pain. Puis les cloches sonnaient. Et que faisaient les grands-mères et les mamans aux enfants qui restaient à la maison ? Elles ouvraient le robinet et nous lavaient les yeux. Pour que l’eau du Christ nous lave. Ce geste était plus communicatif que cette cérémonie de trois heures. »
(p.235)

     « Dans les éloges funèbres, au moment des funérailles, au cimetière, on fait un discours. On dit « il a fait ceci, cela... ». « Paroles, paroles, paroles... », comme chantait Mina. Voici bien un exemple de communication inconsistante, sans concrétude. S’approcher de ceux qui souffrent de la mort de cette personne, c’est les embrasser, leur donner la main, toucher, sans paroles. Une communication concrète. Retrouver le sens du toucher. La communication parfaite se fait avec le toucher. Le toucher est le meilleur pour la communication. »
(p.239)

     « Quand vous, vous me dites que l’Église ne communique pas, vous parlez d’une Église de l’élite, fermée, intellectualiste. Je ne dis pas intellectuelle, mais intellectualiste. […] Oui, quand on lit certains textes ecclésiastiques, ils disent la vérité, mais c’est terriblement ennuyeux. Ils n’ont pas la joie, la légèreté d’une belle communication. »
(p.242-243)

     « Les JMJ, Journées mondiales de la jeunesse, que Jean-Paul II a créées en 1986, qui ont été une intuition de rencontres. Là, les jeunes se rencontrent, voient une autre culture, une autre façon de penser. Ils font des ponts. L’expérience d’un pont, bien qu’il soit éphémère, restera. »
(p.247)

     « Même dans l’Église, il y a des prêtres mariés. Tous les prêtres orientaux sont mariés, cela existe. »
(p.248)

     « Les temps pendant lesquels l’Église a le mieux compris sa mission sont les moments où elle a respecté l’humanisme. Elle a respecté la dignité de la personne humaine. Elle ne l’a pas réduite. Nous avons deux dangers très graves contre l’humanisme, et on peut les nommer « hérésies » : le gnosticisme, qui consiste plus ou moins à dire que tout est idées et qui est apparu du temps des apôtres, et le pélagianisme, dont vous autres Français êtes les champions. Pensez à Port-Royal et à Pascal. Mais le grand Pascal lui aussi est presque tombé dans le pélagianisme, lui qui est un maître de l’esprit et de l’humanisme. Nous sommes aujourd’hui dans un monde pélagien et gnostique, qui rejette la chair. La chair. Je vous mets au défi de trouver dans l’œuvre de Dostoïevski une seule manifestation de pélagianisme ou de gnosticisme. Je vous conseille la lecture du livre de Romano Guardini sur l’univers religieux de Dostoïevski, un très beau livre.
[…]
Dominique Wolton : Merci ! (rires) Alors, je n’irai pas tout de suite brûler en enfer ? »
[Ainsi s’achève le chapitre 5]
(p.251-252)


Source : "POLITIQUE et SOCIÉTÉ"
Pape François
Rencontres avec Dominique Wolton

(septembre 2017)

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